La Petite République
Réforme de la justice : que les handicapés se bougent !
Posted: 09 Mar 2009 03:00 PM PDT
Depuis son arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy a inscrit les services publics dans un vaste plan de « restructuration » afin, dit-il, de permettre une « meilleure affectation des moyens ». Santé, éducation, administration, justice, culture sont ainsi soumis à de fortes diminutions budgétaires et au non-renouvellement de plusieurs milliers de postes de fonctionnaires. Selon cette logique comptable, il n’y a donc rien d’étonnant à ce que le gouvernement demande que l’on fasse disparaître plus d’un tiers des tribunaux des affaires sociales, soit 44 sur 115.
Après la suppression de plus de 200 tribunaux, dont de nombreux prud’hommaux qui avaient le tort de donner le plus souvent raison aux salariés contre leurs patrons, Nicolas Sarkozy envisage de supprimer une bonne partie de ces tribunaux chargés de régler les conflits entre l’assurance maladie et les accidentés du travail. Inévitablement cette « meilleure affectation des moyens » aura pour conséquence de voir s’allonger le temps d’attente avant que les affaires puissent être plaidées et entrainera l’impossibilité pour les handicapés de se rendre au tribunal s’ils ne vivent pas dans les principales métropoles.
Choquées, les associations de défense des handicapés sont montées au créneau pour dénoncer un projet qui rendra la situation de certains citoyens français encore plus dramatique. L’association des accidentés de la vie a usé d’une plume on ne peut plus diplomatique pour s’adresser à François Fillon : « La disparition d’un tribunal des affaires de Sécurité sociale avec la contrainte de faire plus de 100 km de trajet constituera, bien souvent une difficulté insurmontable à l’accès à la Justice et au droit pour ces justiciables dont les ressources ne leur permettent pas, dans bien des situations, de supporter le coût d’un ou de plusieurs déplacements si les audiences sont renvoyées. »
Le cabinet du Premier ministre s’est fendu d’un communiqué qui ne souffre d’aucune compassion envers les handicapés : « La réforme de la carte judiciaire est un axe majeur de la modernisation de la Justice et s’inscrit dans le cadre de la réforme de l’Etat. Par cette réforme de l’organisation judicaire, le Premier ministre veut que la Justice gagne en qualité, en efficacité et en crédibilité tout en restant proche des citoyens. Cela nécessite de revoir la répartition géographique de nos tribunaux… »
Les handicapés devront donc se résoudre à se rendre au discours de la raison sarkozyste : la suppression de tribunaux ne constitue qu’une « modernisation » de la France, une « réforme » pour que la justice « gagne » « en qualité, en efficacité » et se « rapproche des citoyens » tout en s’éloignant d’eux.
Reconnaissons au moins à notre gouvernement de manier le paradoxe avec brio.
Laurent Monserrat
Illustration de Moalex
Association des accidentés de la vie
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Il ya 50 ans, sur le toit du monde
Posted: 09 Mar 2009 01:56 PM PDT
Le mois de mars, pour les tibétains, demeure une période qui suscite toujours inquiétudes et ressentiments puisqu’il rappelle à la mémoire collective les évènements douloureux vécus en cette année 1959. Il en va de même pour le régime de Pékin qui doit faire face cette année à deux anniversaires hautement symboliques qui incarnent puissamment la révolte face à son pouvoir central encore largement autocratique. Ainsi, le 10 mars est la date retenue pour commémorer le 50e anniversaire du soulèvement du peuple tibétain à l’encontre du géant envahissant, alors que le 17 mars 1959 était organisée la fuite du jeune dalaï-lama (24 ans à l’époque) vers l’Inde voisine. En outre, à partir du mois d’avril, le peuple chinois ne pourra que se souvenir en silence de la révolte de Tienanmen, ce mouvement courageux qui appelait à plus de démocratie pour l’empire du milieu.
Si 1989 fut une année de profonde révolte au Tibet à l’occasion de la date anniversaire de la fuite du dalaï-lama, l’année dernière, et le monde entier s’en souvient, « le toit du monde » fut, une fois encore, secoué par un mouvement de rébellion violente à l’encontre du régime de Pékin, civils et moines s’en prenant notamment aux commerçants chinois installés à Lhassa. 2008 fut une année olympique et le mouvement tibétain pour l’autonomie entendait bien profiter de cette fenêtre afin de relancer son audience auprès de la communauté internationale toute entière. On se rappelle parfaitement des agitations diverses organisées autour du trajet de la flamme olympique, notamment en France où le parcours parisien du symbole olympien aura été particulièrement ébranlé, avec les conséquences diplomatiques que l’on connaît. Puis les jeux auront fini par se dérouler hors tout fracas, la Chine affichant à la face du monde sa prospérité triomphante, alors que le peuple et les médias internationaux étaient savamment contenus. Depuis, force est de constater que l’intérêt pour le Tibet et sa population a fortement décru, laissant place à une crise financière et économique internationale qui désormais accapare logiquement l’ensemble des esprits humains, vampirise l’actualité, focalise quantité d’énergies pensantes et militantes.
Entre temps, le dalaï-lama, accompagné de « toute sa clique », maintient sagement la position dite de la voie moyenne quant aux revendications fondamentales, même s’il a pu émettre quelques doutes légitimes par rapport à cette doctrine en raison du vide absolu proposé en contre partie par Pékin. Pourtant, le guide spirituel tibétain, soutenu par le gouvernement en exil, veut encore croire que le gouvernement chinois finira par se rendre à la raison en adhérant au scénario de la voie médiane.
A ce-jour, il n’en est rien, Pékin fait la sourde oreille, et la presse nationale dans sa quasi totalité jette l’anathème sur les velléités autonomistes du peuple d’en haut, n’hésitant pas à diaboliser les figures de proue du mouvement autonomiste. L’incompréhension reste totale entre les deux entités, ce qui rend la situation tout à fait inquiétante, d’autant que les dirigeants de l’empire du milieu semblent donner quelques signes de nervosité préoccupants. Ainsi, si l’on en croit le journal Xi Zang Ribao (le quotidien du Tibet), «des responsables de la Région autonome tibétaine ont appelé le Parti communiste, le gouvernement, l’armée et le public à se mobiliser», afin «d’écraser fermement la sauvage agression de la clique du dalaï-lama» (cité par Bruno Philip, Le Monde du 22 février 2009). La terminologie, qui apparaît extrêmement dure, laisse effectivement penser que le risque d’un nouvel embrasement de la région reste une éventualité plausible, d’autant qu’aucune avancée significative ne permet de contrebalancer cet état de fait. En effet, les dernières propositions «pour une autonomie vraie» soutenues par des émissaires tibétains ont été vertement rejetées par le régime chinois qui n’y aura vu qu’une demande d’indépendance déguisée. De son côté, Samdhong Rimpoche, premier ministre du gouvernement tibétain en exil, déclarait récemment que «Pékin ne respecte pas les droits des tibétains» [1].
Par ailleurs, le quotidien du soir fait état d’une possible fermeture de l’accès au Tibet aux touristes étrangers pendant une durée encore inconnue et non certaine. Si cela se confirmait, le black out pourrait encore régner sur les hauts plateaux tibétains, laissant tout le temps nécessaire à l’éventuelle tempête de s’éloigner. Mais, si la situation n’en est pas encore là, les capteurs indiquent que la zone peut encore craindre un séisme revendicatif d’une échelle encore inconnue. Toutefois, une année après les derniers soubresauts, une réplique plus violente peut frapper cette région pétrie d’une instabilité intrinsèque liée à une histoire longue et complexe [2]. Les forces en présence se font toujours face, alors qu’une certaine jeunesse tibétaine tient un discours à l’intonation beaucoup plus radicale que la position défendue par le gouvernement en exil dont la doctrine reste fidèle à la théorie de la voie médiane. Chacun pourra convenir qu’il s’agit pourtant ici de la sagesse la plus évidente, et Pékin se doit d’entendre ce discours car il y va aussi de son intérêt propre. En effet, en ces temps de tensions économiques internationales majeures, même le dragon géant risque de perdre de sa superbe, alors qu’une contestation civile de plus en plus palpable se fait jour, notamment de la part de la frange la plus paupérisée de la population. Des millions de « Mingong »[3] ont du rebrousser chemin pour retourner vivre dans les campagnes les plus reculées de la Chine, où tout un pan de la société n’a pas encore eu le loisir de profiter de la prospérité économique du pays.
Parallèlement, nombre d’intellectuels continuent à militer pour l’avènement d’une démocratie pleine comme cela est affirmé dans la charte 08 (en écho à la charte 77), alors que d’autres penseurs chinois ont avancé 12 propositions pour résoudre la crise tibétaine [4]. Ainsi, vingt ans après le soulèvement de Tienanmen, une partie du peuple chinois aimerait faire entendre sa voix pour qu’enfin le régime franchisse la dernière étape vers une normalisation politique désormais de venue le nécessaire corollaire au puissant développement économique du pays. Mais la culture du parti unique est encore massivement incrustée dans les esprits des hommes de pouvoir, comme sédimentée à jamais, même si on peut croire qu’un jour cette immense civilisation finira par adhérer pleinement au sens commun, apportant par la même un nouveau souffle au concept de démocratie qui en a bien besoin. En effet, la Chine, de part ses dimensions générales hors du commun, peut devenir l’élément moteur d’un renouveau démocratique international dont l’ensemble de la planète à un besoin quasiment vital. Le peuple chinois, qui possède d’infinies ressources, peut s’avérer plus performant aussi dans l’application des grands principes fondateurs de toute démocratie [5].
Pareillement, il n’est pas impossible que les dirigeants chinois, soutenus enfin par un peuple unanime, un jour rejoignent les tibétains sur le chemin de la voie moyenne, seul compromis qui pourra s’inscrire dans la durée. Mais, pour l’instant, l’angoisse de perte ainsi que le vertige de la séparation opèrent toujours, le grand dragon s’évertuant à souffler le chaud et le froid sur le toit du monde. Il est vrai que la situation géostratégique reste entière et que le problème de la ressource en eau en impose au gouvernement chinois qui mesure parfaitement les tensions induites par la gestion de cette ressource de plus en plus précieuse.
Par ailleurs, les tibétains, qui ont réussi à préserver encore jusqu’à ce-jour une part non négligeable de leur culture tout en l’expurgeant de ses travers les plus inappropriés, ne semblent pas vouloir céder à la pression chinoise, faisant barrage à cet envahissement incontestable de leur être et de leur avoir. Toutefois, si le Tibet n’est pas la Chine, tout comme les colonies françaises n’étaient pas la France, misons sur l’espoir qu’un jour un compromis salvateur puisse enfin rassembler les deux entités au sein d’un devenir commun, lui-même englobé dans ce vaste mouvement du devenir global qui ne pourra que s’imposer à l’ensemble la planète.
[1] Lire sur Tibet.fr
[2] Écrits récents sur le Tibet et les tibétains. Bibliographie commentée. Les cahiers du CERI, Françoise Aubin
[3] Sur la situation des Mingong:
Les “Mingong”, face cachée de la croissance chinoise
Les Mingong, paysans déracinés
[4] La charte 08 et les 12 propositions pour une solution au Tibet:
La charte 08
Les 12 propositions
[5] La questoin des droits de l’homme en Chine
Remerciements sincères à Moalex pour son illustration
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